Historique : Précurseur du travail du Roy Hart
Roy Hart est né à Johannesburg, Afrique du Sud en 1926. Il a étudié la psychologie et la langue anglaise à l’Université de Witwatersrand, où il s’est imposé comme un acteur doué. Il a ensuite obtenu une bourse pour venir étudier à Londres dans la prestigieuse « Royal Academy of Dramatic Art » (R.A.D.A.) Bien qu’il soit considéré comme un bon étudiant à la R.A.D.A., Roy Hart sentait que les personnages qu’il jouait de manière si convaincante n’étaient que des fictions de son imagination et qu’il lui manquait quelque chose.
Sa rencontre fortuite avec Alfred Wolfsohn a été décisive. Il a abandonné une carrière prometteuse dans le théâtre commercial (West End Theatre) pour étudier avec lui. Pour poursuivre la recherche de ce « quelque chose qui lui manquait », Roy Hart n’a pas joué en public pendant les dix-sept années qui ont suivi. Une période d’intense activité artistique et psychothérapeutique internationale a démarré pour lui en 1969.
Il a été l’interprète soliste des oeuvres « Versuch über Schweine » de Henze, « Huit chants pour un roi fou » de Maxwell-Davies et « Spirale » de Stockhausen. Il a ensuite monté « Les Bacchantes » d’Euripide avec sa propre compagnie. Il a été invité en tant que conférencier à des congrès de théâtre et de psychothérapie dans le monde entier et des personnalités telles que Grotowski, Peter Brook ou Arthur Koestler sont venues discuter avec lui dans son studio à Londres. En 1972, il a commencé à jouer en tant qu’acteur avec sa propre compagnie, qui comptait dorénavant plus de quarante membres.
En 1974, le groupe s’est installé au Château de Malérargues, au coeur des Cévennes, dans le sud de la France. Roy Hart est décédé dans un accident de voiture lors d’une tournée en mai 1975. Sa femme Dorothy et son amie Vivienne Young sont mortes avec lui. Tous trois sont enterrés à Malérargues. Pour explorer l’héritage de Roy Hart plus en profondeur, visitez le site web Roy Hart Theatre Archives, hébergé et maintenu par Paul Silber. Vous pouvez aussi y acheter des livres, CDs et DVDs.
Professeur de chant de Roy Hart petite histoire d'Alfred Wolfsohn
Alfred Wolfsohn est né à Berlin en septembre 1896, dans une famille juive allemande. Jeune appelé, il a participé à la guerre des tranchées et a été blessé lors d’une nuit de bombardements. Ramassé le lendemain sur le champ de bataille par des brancardiers qui le croyaient mort, Alfred Wolfsohn doit à son réveil s’extirper d’une pile de cadavres au milieu de laquelle il avait été enfoui.
À sa sortie de l’hôpital militaire en 1919, il est toujours mentalement et physiquement brisé. Aucun traitement n’a pu le soulager et il est victime d’hallucinations auditives : les cris de détresse d’un soldat qui agonisait à quelques mètres de lui, lors de cette nuit qui a failli lui être fatale, résonnent encore dans sa tête. Il est également hanté par la culpabilité de ne pas avoir su porter secours à cet homme.
Pendant les dix années qui suivent, il lutte contre cet état de santé précaire, notamment par la fréquentation d’œuvres d’art lors d’un voyage en Italie. Se rappelant du plaisir et de l’émotion qu’il avait lorsque, enfant, il chantait, Alfred Wolfsohn a l’intuition que le chant pourrait l’aider à se reconstruire et à redonner du sens à sa vie. Il prend des cours avec plusieurs professeurs de chant sans trouver ce qu’il cherche.
Il commence alors un travail, à la recherche de ce qu’il nomme ‘La voix humaine’ : une voix capable de produire une très vaste palette de notes et de qualités, dépassant la notion habituelle de registres pour exprimer le masculin aussi bien que le féminin, ainsi que toutes les émotions humaines. Il s’établit comme professeur de chant et obtient des résultats, notamment avec plusieurs chanteurs lyriques qui avaient perdu leur voix. En travaillant avec ses élèves, il comprend que leurs problèmes vocaux sont toujours liés à des souffrances psychiques et que le travail qu’il propose leur permet d’améliorer simultanément leurs performances vocales et leur équilibre psychique. Il se passionne pour la psychologie et la philosophie et découvre de nombreux parallèles entre ce qu’il expérimente dans ses leçons et les écrits de C.G. Jung.
Les persécutions antisémites liées à la montée du nazisme rendent son travail de plus en plus difficile et l’amènent à fuir Berlin en 1939. Parvenu en Angleterre, il se porte volontaire pour servir dans un corps spécial de l’armée britannique. Après la guerre, il reprend ses recherches sur la voix, à Londres. Dans les années cinquante, son travail est remarqué par plusieurs cercles : la BBC réalise un documentaire sur lui, son élève la plus brillante donne un concert dans un lieu prestigieux et s’attire les louanges des critiques et un disque 33 tours présentant ses travaux est commercialisé par une maison de disques aux USA.
Lorsque Wolfsohn est rattrapé par la maladie, l’un de ses élèves les plus prometteurs, Roy Hart, décide de prolonger ses recherches. Wolfsohn meurt en 1962 d’une infection pulmonaire.
Alfred Wolfsohn est l’auteur de manuscrits (‘Orphée ou le chemin vers un masque’, ‘Le pont’) non publiés en français à ce jour. Il a eu une influence capitale sur Charlotte Salomon. Il apparaît à maintes reprises dans son œuvre ‘Vie ? ou Théâtre ?’ sous le pseudonyme de Amadeus Daberlohn.
Pour en savoir plus sur Alfred Wolfsohn, visitez le site ‘Roy Hart Theatre Archives’, hébergé et maintenu par Paul Silber (articles en ligne ; livres, CDs et DVDs à la commande).
www.roy-hart.com/writingsaboutawe.htm